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Les thérapies familiales et systémiques

Auteure: Martine Gabriel


Résumé: Présentation des thérapies systémiques et des thérapies familiales. Point de vue historique et principes fondamentaux


Nées aux Etats-Unis (Palo Alto) vers 1950,la thérapie systémique a évolué grâce aux recherches et à l’expérience de psychologues de renom (Mony Elkaïm notamment chez nous).
Les thérapies systémiques visent à comprendre la souffrance en la plaçant dans le système auquel appartient le patient et dans lequel il évolue : couple, famille, ou autre.
D’abord destinées à des groupes, elles se sont considérablement développées et s’adressent actuellement aussi à des individus isolés tout en en gardant l’esprit.
Nous sommes dès la naissance entourés de personnes auxquelles nous réagissons, et qui réagissent à nous. Nous ne sommes devenus des « je » que grâce aux autres qui nous ont dit « tu ». Nos réactions physiques, mentales, comportementales sont intimement liées aux autres : « l’important, disait Bateson, n’est pas qui fait quoi à qui , mais que font-ils ensemble ? ».

Le systémicien ne se prétend pas neutre, il s’implique, il estime faire partie de ce nouveau système particulier créé par la rencontre thérapeute-patient ou thérapeute-couple ou encore thérapeute-famille. De par sa présence il sait qu’il en change des comportements, des façons d’être, de parler, et sait qu’il entre lui-même en résonance particulière avec son ou ses patients. (il peut être ému, irrité, impatient, sceptique, troublé, etc…)
Il ne prétend pas être objectif, il peut même exprimer un conseil ou une suggestion mais garde à l’esprit l’objectif du patient, son autonomie, sa personnalité propre. Son point de vue différent lui permet de recadrer l’histoire qu’on lui raconte, lui donner un angle de vue qui éclairera peut-être autrement le patient et lui donnera des nouvelles clés pour comprendre.
Il arrive que le thérapeute se double d’un co-thérapeute, face à un couple par exemple.

Il ne s’agit pas de trouver un responsable -un coupable- à la souffrance qui est dite (le patient lui-même ou un proche), mais de comprendre la relation qui piège l’individu, mettre à jour l’impasse pour pouvoir la maîtriser. Un symptôme peut servir à maintenir une situation en homéostasie, c’est-à-dire une stabilité du couple ou de la famille, comme parfois l’ échec scolaire d’un l’enfant ou tout comportement hors-norme qui peut monopoliser à ce point l’énergie parentale que les parents en oublient leur mésentente. Ce comportement est alors la solution au problème , et non le problème lui-même, qui est la mésentente !
Les membres d’un couple ou d’une famille doivent être compris, considérés, non pas isolément, mais à travers les relations intra-famliales ou intra-conjugales.

Pour les systémiciens il est important de comprendre comment la souffrance ou le symptôme s’est installé et quelle est sa fonction dans le système : que permet-il, qu’empêche-t’il, quel pouvoir donne-t-il, et à qui ? Certaines attitudes renforcent ou entretiennent le trouble de l’autre. Le thérapeute systémicien a pour rôle d’analyser la communication, d’en comprendre les buts cachés et implicites.

Il donne également une place importante au trans-générationnel car il considère que pour certains, la souffrance doit être replacée dans la succession des générations et être comprise au travers des valeurs transmises, des « codes » spécifiques d’une famille, des modèles (Jean, ce grand-père si vertueux) et contre-modèles (la tante Jeanne, cette teigne) , secrets, non-dits, loyautés,…Il aide alors le patient à s’individualiser, à trouver sa propre vérité, bref , à choisir son « héritage » , pleinement conscient de ses particularités.

Il note l’importance dans le vécu des âges de la vie qui sont des étapes de remise en question parfois difficiles : naissance des enfants, entrée des enfants dans l’adolescence, départ des enfants, mariage, deuil, retraite, etc. Il analyse avec le patient son besoin d’individualité et d’attachement, et cherche avec lui comment établir un nouvel équilibre s’il se ressent pas épanoui, comment installer de nouveaux modes de communication et de relation épanouissants en attribuant à chacun une place équilibrée entre besoins et désirs.

Le systémicien utilise volontiers le langage métaphorique qui surpasse le langage intellectuel dans la compréhension et la résolution d’un problème, dans l’approche des émotions. Chacun privilégie un style propre dans le respect de la personnalité du patient: langage imagé, corporel, pictural, ludique, contes, utilisation d’objets : tous sont des outils thérapeutiques qui passent par le symbole plutôt que par le fait réel parfois difficile à exprimer.

Le thérapeute systémicien pratique bien sûr aussi l’empathie, l’écoute active et bienveillante, le non-jugement.

Texte mis en ligne le 16-07-2010

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