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La loi sur la psychologie clinique et la psychothérapie a été adoptée ce jeudi 30 juin 2016

Auteur: Jérôme Vermeulen, psychologue Présentation


Résumé: La loi sur la psychologie clinique et la psychothérapie a été votée ce jeudi 30 juin 2016. Cette loi a beaucoup partagé la communauté psy. Je suis quant à moi plutôt favorable aux évolutions en cours dans le secteur de la psychothérapie.


La loi sur laquelle travaillait la Ministre Maggie De Block et son équipe depuis plusieurs mois a été adpotée ce jeudi 30 juin 2016 par la Belgique. Sans aller jusqu'à dire que cette loi, qui porte encore de nombreuses incertitudes, me réjouit, je la considère néanmoins, et jusqu'à nouvel ordre, comme une avancée.

Il y a derrière cette loi, bien évidemment, des enjeux financiers, politiques, des enjeux d'ego aussi, qui échappent complètement au simple citoyen que je suis. Mais concernant ma perception du secteur de la psychologie clinique et de la psychothérapie, je vois l'avenir de manière plutôt sereine. Voici pourquoi.

Des mesures transitoires pour les psychothérapeutes

En effet, des mesures transitoires sont prévues, qui permettront à de nombreux psychothérapeutes aujourd'hui en activité de continuer à fonctionner. Le gouvernement ne va donc mettre personne contre un mur face à un peloton d'exécution.

Il faut donc bien faire la différence avant / après !! Cette différence signifie simplement qu'il n'y a aucune intention du gouvernement d'empêcher la pratique de la psychothérapie à des personnes non psychologue ou non médecin de manière immédiate et arbitraire. La loi prévoit par contre qu'à l'avenir, tout belge prétendant s'engager dans la noble et utile profession de psychothérapeute devra passer par un cursus de formation (université + spécialisation) rigoureusement encadré par l’État et la collectivité.

Deux conditions nécessaires complémentaires au coeur de la loi

La loi prévoit en effet deux conditions nécessaires pour pouvoir être psychothérapeute. La première sera de disposer d'un diplôme universitaire obtenu dans une faculté de psychologie ou de médecine. La seconde sera de disposer d'une formation complémentaire à la psychothérapie, structurée et encadrée autrement qu'aujourd'hui.

Nombreux sont ceux qui ont tenté de mettre en opposition des études universitaires avec une formation à la psychothérapie, ce qui est absurde. Certains soulignent particulièrement que ça n'est pas à l'unif qu'on apprend la psychothérapie, d'autres soulignent quant à eux l'importance d'une bonne formation de base scientifique et universitaire.

La loi prévoit donc qu'aucun des deux n'est suffisant séparément mais que les deux ensemble sont nécessaires pour faire de la psychothérapie de qualité. Je ne peux qu'y souscrire en espérant qu'elle permettra, à moyen et long terme, d'apaiser la guerre des psy.

Un gage de sécurité et de qualité remarquable

C'est un remarquable gage de qualité et de sécurité pour l'usager. En aucun cas cette structuration de la pratique de la psychothérapie ne nuira à la qualité de la psychothérapie. Là encore rien n'est fixé, mais le rapport du KCE publié récemment, qui n'a pas de valeur contraignante, insiste sur l'importance d'avoir une approche non pas « médicale / diagnostique » des problèmes psychiques, mais prône très clairement une approche « fonctionnelle ».

Une loi qui laisse la liberté très ouverte aux praticiens

Au même titre que le fait d'avoir le permis de conduire ne signifie pas qu'il est interdit ensuite de prendre des cours de conduite défensive, la loi n'interdira par non plus aux futurs psychothérapeutes de se former où bon leur semble une fois leur titre de psychothérapeute obtenu. Nulle part dans la loi il n'est inscrit qu'il sera interdit au futur psychothérapeute de poursuivre sa formation à la relation d'aide !

Au contraire, de nouvelles exigences en matière de formation continue et de collaboration interdisciplinaires sont à l'ordre du jour !

Un remboursement de la psychothérapie

Là aussi, rien de sûr pour le moment, mais l'idée est dans l'air. Il y a bien évidemment toute la question de la budgétisation du remboursement des soins de santé mentale. Des recherches indiquent néanmoins « le retour sur investissement » pour la collectivité lorsqu'elle aide financièrement un membre du groupe en difficulté psychologique. L'avenir nous ne le dira.

En résumé

La loi qui a été voté ce jeudi 30 juin aura les conséquences suivantes :

Lorsque dans une période compliquée de votre vie vous pousserez la porte d'un psychothérapeute, vous n'aurez plus à vous poser la question de sa formation… quelques week-end… cursus dans une école privée… niveau universitaire ? Quand vous entrerez dans le bureau d'un psychothérapeute, vous serez accueilli par un psychologue ou un médecin disposant d'une formation complémentaire solide et validée par l’État.

Toute personne, jeune ou moins jeune, qui souhaitera embrasser la carrière de psychothérapeute devra suivre un cursus de formation qui sera absolument le même (au niveau de sa durée, des évaluations et des exigences). C'en est donc fini des parcours à la carte ou laissés à l'appréciation personnelle.

Et cela renvoie exactement à l'esprit qui doit sous-tendre la protection d'une pratique aussi sérieuse que celle de la psychothérapie.


A lire aussi sur leur site: l'avis de l'UPPCF concernant le projet de loi (texte du 24/06/2016)

Texte mis en ligne le 03-07-2016 - Mise à jour le 27-04-2019

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