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Incompréhension fréquente des situations de harcèlement professionnel

Auteure: Dominique Rulkin
Consultations: 7090 Braine-le-Comte et 1400 Nivelles
Plus d'infos, autres publications: vers sa fiche d'auteure


Résumé: Les situations de harcèlement au travail ne sont pas souvent correctement décodée par l'entourage direct de la victime. Certaines erreurs de jugement sont régulièrement observées


Une évaluation erronée de la situation

Outre la peur et la honte, d’autres éléments peuvent expliquer la passivité de l’entourage professionnel. Il peut tenir au caractère invraisemblable et irrationnel du harcèlement, qui le rend difficile à appréhender par l’entourage mais également à certaines explications qui ont été étudiées en psychologie sociale.

Plusieurs erreurs de jugement peuvent intervenir ainsi dans l’évaluation des situations de harcèlement:

  • L'erreur fondamentale d'attribution - Les personnes vont avoir tendance à surestimer l’importance des facteurs individuels, de la psychologie des personnes harcelées au détriment des facteurs contextuels. Les personnes vont individualiser la situation sans prendre nécessairement en considération le contexte qui entoure la situation, en minimisant les facteurs organisationnels. Elles oublient de considérer le manque de qualité du leadership, l’organisation du travail et l’environnement dans lequel le harcèlement prend place, par exemple. Il s’agit de l’erreur fondamentale d’attribution (Ross, 1977).
  • La théorie du monde juste - Ainsi, il est assez fréquent que l’entourage professionnel attribue à la victime une partie de la responsabilité de la violence qu’elle subit (« elle est trop fragile », « elle n’est pas faite pour ce type de travail » , « elle est trop sensible et on ne peut rien lui dire », « elle n’avait pas à être si consciencieuse »…).
    Cette tendance à attribuer une part de responsabilité à la victime provient d'une erreur de jugement : c’est la théorie du monde juste (lerner, 1980). A la base de cette théorie, une croyance naïve : « le monde est juste, bienveillant et l’homme est bon » et son corollaire « chacun reçoit ce qu’il mérite et mérite ce qui lui arrive ». Ainsi, selon cette croyance, une personne n’est pas victime par hasard et les témoins ont alors tendance à chercher des causes personnelles chez ces dernières.
Ces croyances n’ont aucun fondement scientifique mais ont plusieurs fonctions sociales, notamment celle de se protéger de l’idée qu’on puisse être soi-même victime.

Ces jugements de responsabilité expliquent dans une certaine mesure la spirale du harcèlement et l’enlisement de la victime ainsi que les comportements d’aide réduits.

Ces aspects révèlent la complexité des situations de harcèlement et les difficultés que les victimes peuvent rencontrer pour s’en extraire. Ils prouvent également que la recherche d’une aide et d’un soutien efficaces et compétents est primordiale.

Dans la partie consacrée aux recours possibles dont disposent les victimes, nous avons vu que des acteurs internes à l’entreprise peuvent être sollicités: le conseiller en prévention, la personne de confiance ainsi que les membres du syndicat. A l’extérieur de l’entreprise, on peut conseiller aux victimes de parler de la situation à leur médecin généraliste et/ou au médecin du travail. Ces derniers pourront la conseiller et l’orienter vers une aide psychologique adaptée.

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Texte mis en ligne le 26-06-2013

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