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Usage de l'imagerie mentale dans le sport de haut niveau

Auteur: Manuel Dupuis
Consultations: 1150 Woluwe-Saint-Pierre et 1030 Schaerbeek
Plus d'infos, autres publications: vers sa fiche d'auteur


Résumé: Manuel Dupuis, psychologue du sport, nous explique ici les utilisations de l'imagerie mentale dans le sport de haut niveau


L'imagerie mentale

L'imagerie mentale est une technique largement utilisée pour modifier et développer des comportements, ainsi que des émotions. Dans le sport, elle est redoutablement efficace. Cette technique consiste à vivre une expérience mentalement, en activant tous les sens qui y sont liés, en tentant que l'action imaginée soit au plus proche de la réalité. Par exemple, je peux m'imaginer effectuer un penalty au football contre une équipe bien précise. L'exercice d'imagerie consiste à visualiser le terrain, sa couleur, visualiser le gardien, la balle et sa trajectoire jusque dans le goal,... (la vue), en ressentant les sensations internes de mes ma respiration, de mes muscles pendant tout le moment de l'action... (le sens kinesthésique), le bruits de la balle (le sens auditif), les sensations de contact entre mon pied et le sol, ensuite avec la balle (le toucher...)... On essaie d'être au plus près de la réalité.

Les athlètes de haut niveau sont de bons imageant

Un fait capital dans le développement des techniques d'imagerie mentale dans le sport a été l'observation, au sein des recherches en psychologie de la performance sportive, que les athlètes de haut niveau étaient ce qu'on appelle de "bons imageant", en comparaison aux athlètes moins performants qui étaient de "moins bons imageant". Les sportifs les plus efficaces en match ont des capacités à s'imaginer (par exemple la veille du match) vivre des moments de réussites, des moments où leur technique, leur physique et leur mental sont parfaits. Ils arrivent plus facilement et plus efficacement à vivre intérieurement ces moments de réussite. Cette capacité d'imagerie (parfois inconsciente) leur est très utile car le cerveau ne fait pas de différence avec l'expérience réelle. Celui-ci emmagasine en mémoire les gestes techniques, et les attitudes associées, dans la mémoire. L'imagerie favorise ainsi la mise en place d'automatismes de réussite. Dans le sens inverse, si le sportif visualise un échec, un élément technique raté ou un autre comportement négatif pour la performance, l'expérience va également être stockée en mémoire. Il est donc important d'entraîner des visualisations positives. Durant les périodes de blessures, les "bons imageant" entretiennent leurs gestes techniques et se préparent psychologiquement à leur retour, retour parfois flamboyant.

Applications de l'imagerie mentale dans le sport de haut niveau

L'imagerie mentale est largement utilisée en sport pour de multiples raisons. L'athlète peut entraîner un geste technique de cette manière. L'utilisation de l'imagerie est en réalité beaucoup plus large: développement de la force, de la vitesse, et surtout de la gestion de moments plus compliqués à gérer au niveau mental.

Au niveau mental, les aptitudes les plus souvent demandées à travailler par les athlètes sont la gestion du stress et de la concentration, ainsi que la confiance en soi. Dans le cadre des séances de coaching utilisant les techniques cognitivo-comportementales, l'imagerie prend une place centrale. En effet, le préparateur mental, après avoir identifié des situations précises pouvant générer un stress particulier pendant ou avant le match, va mettre l'athlète en situation, en imagerie. De manière répétée, des comportements et des sensations associées à la réussite vont être entraînées et automatisées. Prenons un exemple concret. Julien est footballeur professionnel. En perte de confiance, il n'est plus repris par le coach pour jouer l'entièreté des matchs, alors qu'auparavant il était un élément clé de l'équipe. Même s'il a toujours ressenti un stress avant le match, qu'il décrit comme positif, son stress d'avant-match actuel est trop intense, plus long également. Au moment d'entrer au jeu, son stress est trop élevé et le rend moins efficace. Au lieu d'être dans le plaisir comme par le passé, il a de mauvaises sensations. A côté d'un travail global qui a consisté à modifier ses rituels d'avant-match (y compris sa manière de gérer les moments sur le banc), l'imagerie mentale à permis d'automatiser des comportements positifs, mais aussi des sensations de bien-être dans les moments importants. Il est actuellement à nouveau leader de son équipe.

Les "images ressources" peuvent également être utilisées. Par exemple, un sportif peut activer une image qui lui donne de la confiance et la visualiser régulièrement à l'entraînement et en match pour se donner confiance à différents moments clés d'un match. Le plus souvent, les athlètes choisissent un sportif qu'ils admirent et qui les rassurent. D'autres choisissent un animal, ou encore une image d'eux-mêmes positive...

Mais aussi...

Il existe de multiples techniques d'imagerie, de nombreux exercices que nous n'approfondirons pas davantage dans cet article. Il est également à souligner que de nombreuses approches les utilisent de manière centrale, comme par exemple l'hypnose et la sophrologie.

Soulignons enfin qu'il existe deux types d'imagerie, dont l'utilité peut varier en fonction des sports. Tout d'abord, l'imagerie interne consiste à vivre intérieurement l'expérience. Ensuite, l'imagerie externe consiste à se voir de l'extérieur en action, dans la position d'un spectateur (ou encore, comme si on regardait une vidéo).

Retrouvez Manuel Dupuis sur son blog http://www.psychosport.be

Texte mis en ligne le 04-03-2015

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