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dépression saisonnière par mikee, membre actif, le 24/01/2020 à 16:23 pour mikee
Le charme très relatif de la dépression passagère
On a tous un jour connu cela.
Cette légère déprime qui, pour une raison inconnue, s’accoquine dès potron minet avec votre âme ou ce qu’il en reste.
Cette pesanteur des sentiments qui engourdit l’esprit et le rend incapable de la moindre initiative.
Ce cœur qui bat par habitude plus que par envie.
Cette langueur qui s’abat sur vous et ne vous quitte pas de la journée.
Ce soleil ironique qui vous nargue et finit par vous agacer.
Cette lumière aveuglante qui ne cesse de vous harceler et finit par vous irriter.
Ces rires outrecuidants qui se moquent de vous et vous insupportent.
Cette aspiration à l’obscurité, au repli sur soi, à l’attendrissement sur sa pauvre petite personne ballotée entre deux pathétiques crises d’angoisse.
L’envie subite de lire des grands textes.
De se consoler en écoutant de la grande musique.
De se perdre dans la contemplation d’un chef d’œuvre.
Ce besoin de savoir que d’autres que vous ont souffert du même mal.
Sont passés par les mêmes épreuves.
Ont partagé ce même accablement infini qui vous ronge et vous laisse sans force.
La vie qui continue pourtant.
L’obligation de se montrer sous son meilleur jour.
De ne rien laisser paraître de cet écœurement qui vous saisit à la gorge et vous donne envie de pleurer sans raison.
La nécessité de se laver, de se nourrir, de se forcer à travailler.
La certitude de l’échec.
Le regard échangé dans la glace, cette envie de s’administrer une bonne paire de claques, ces yeux chagrins qui contemplent le portrait d’un homme revenu de tout et n’attendant plus rien de l’existence.
Ces longs soupirs où se font entendre les mugissements d’une âme qui pleure de rage de devoir cohabiter avec un être si terne, si inutile, si misérable.
Cette supplique adressée à vous-même pour tenter de se ressaisir, de s’extirper de cette torpeur glacée et d’aller de l’avant.
Ce renoncement à se battre, à s’affronter, à s’essayer à devenir un homme un peu meilleur.
Cette application à tout déconsidérer, à tout dénigrer, à tout critiquer, à commencer par soi-même.
Cette fatigue de soi.
Et plus encore, cette incapacité à rire de sa propre infortune.
Cette odieuse grandiloquence à se penser comme malade, comme maudit, comme victime d’un mal si grandiose qu’il fait de vous un être hors-norme.
Cette connivence avec la mort qui ne vous effraie même plus.
Ce constant apitoiement sur soi, cette manie de tout ramener à soi, cette incapacité à communiquer, à dire, à confier sa détresse, certain qu’on ne vous comprendrait pas.
Alors le refuge dans l’alcool, dans le sommeil, ce réconfort factice trouvé auprès de ses tranquillisants.
Cette incompréhension à comprendre comment les autres font pour ne pas se rendre compte de l’absurdité de toute chose.
La vanité bête de se croire supérieur à eux.
Les heures passées à se répéter, je suis fatigué, je suis si fatigué, fatigué, fatigué.
La pesanteur de l’air, la difficulté à se déplacer, la sensation du vide.
Mais aussi cette conviction que ce n’est qu’une mauvaise passe.
Déjà les palpitations d’une âme qui ne demande qu’à renaître.
Bientôt le sang qui se remet à circuler, le cœur de tambouriner, l’esprit de s’animer.
Les premiers fourmillements, le premier sourire, la première parole aimable qu’on s’adresse.
La tape dans le dos qui réconforte.
Lève-toi et marche.
La tendre beauté d’un coucher de soleil.
La vie qui reprend ses droits et chasse l’intrus qui vous cadenassait le cœur.
Le sentiment de renaître, d’être à nouveau d’attaque, la certitude que tout va bien se passer désormais.
Discusison archivée
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