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L'écoute du symbolique du corps

Auteur: Jean-Luc Deconinck
Consultations: 1420 Braine-l'Alleud
Plus d'infos, autres publications: vers sa fiche d'auteur


Résumé: Etre déjà présent dans l'invitation que je fais à l'autre de ce qu'il vit. Ecouter et ensuite confirmer ce qu'il m'a confié. Pour qu’il existe en sécurité avec son corps et avec ses mots grâce à une empathie corporelle


Cet article parce que cette écoute du symbolique du corps pose question…

Sur ce site, « le psychologue » pour que chacun puisse vivre avec cette question, cheminer avec elle…

Pour dire aux psychologues et au public qu’ à votre tour vous pouvez être créatifs avec cette question, et l'utiliser avec d'autres personnes en étant créatifs pour la situation… C’est à éveiller, c’est à dire être présents, être créatifs dans cette écoute de l'inconscient du corps

LE CORPS PARLE

Comment le corps parle-t-il ? Comment le corps est-il d'abord une façon d'être dans le mouvement, dans la manière de nous tenir, d'être présent dans la place que nous occupons dans une pièce ! ? Et donc nous pouvons approcher la personne dans sa façon d'appréhender les autres, d'entrer en relation, avec le monde : cette façon peut être simplement dans le recul par rapport à l 'autre, dans l’approche, dans «l’allant vers » ou dans l’hésitation. Et l'écoute de l'inconscient du corps, c'est tout ça : tous ces aspects, ces différentes façons de parler à travers le corps : 'la geste'.

Il s’agit aussi dans un travail d’accueillant et dans une écoute, non seulement d’écouter et de percevoir tout cela mais de vivre avec ces différentes façons de parler ; de vivre ensemble avec l’autre quelque chose de signifiant, non pas simplement de réel, mais qui ait du sens. Essayez donc de vivre avec ce corps, avec cette personne en sentant quelque chose de ce qui se symbolise. Cela implique d'abord d'avoir un grand respect pour la place qu'occupe l’autre, et qu'occupe ce qu'il vient de dire à travers son corps.

C'est la première chose pour que nous soyons présents, pour qu'il accepte que nous soyons présents avec lui dans le symbolique : respecter et puis éveiller quelque chose pour que l'autre puisse se laisser aller à venir vers vous, à venir se confier.

Cette attitude qui permet à l'autre de venir à soi est déjà présente dans l'invitation que je fais à l'autre dans ce qu'il vit. Il ne s’agit pas tellement d’être l’écoutant qui 'fait ' quelque chose mais c'est dans la mesure où je vais inviter l'autre à venir, à pouvoir y aller, se confier, parler que je vais pouvoir aussi en retour écouter et ensuite confirmer ce qu'il m'a confié.

Cette attitude de confirmation dont on parle peu en psychologie et en psychanalyse, si peu présente dans notre civilisation, peut se traduire par un geste. C'est à l'occasion la main sur l'épaule qui vient dire 'mais oui, voilà ce qui s'est vécu, voilà ce qui s'est dit, je te le confirme' et d'une certaine manière à ce moment là la parole s'incarne dans le corps, la parole prend place, est ressentie et est vécue. Cette confirmation peut être un regard ou tout simplement une parole mais qui vient reprendre, redire, redonner à l'autre ce qu'il est, ses qualités d'être : 'voilà qui tu es, ce que nous avons vécu ensemble, ce qui s'est passé'. Donc cette parole vient 'prendre corps' à l'intérieur du corps, elle est vécue, elle est ressentie, si elle est juste, c'est à dire si elle vient au bon moment, dans un temps d'intuition de ce qui s'est passé.

C'est certainement une des choses pour laquelle j'insiste le plus en formation, c'est cet outil de la sensibilité auquel l’écoutant a à donner toute sa dimension, particulièrement dans la sensibilité, non seulement des différents organes de sens mais aussi de l'intuition, cette sensibilité du cœur.

Mon corps et celui de l'autre

Lorsque quelqu'un nous parle, c'est lui qui parle mais aussi parfois à travers lui, quelqu'un d'autre, il se fait que : qui je suis, passe d'abord par le fait d'être quelqu'un d'autre.

Pour l'enfant c'est tout le processus d'identification qui va donner lieu au fait qu'il parle et au fait qu'il soit à la fois lui-même dans sa gestuelle, dans son caractère (qui est déjà perceptible dans la période fœtale, chaque enfant ayant sa façon d'être), mais qu'il incarne aussi ce qui lui sera donné à voir et à entendre par ses parents et par les personnes qui lui sont proches.

Et dans tout le travail psychologique il y a quelque chose qui vient se répéter, qui se transfère, de la façon dont il a été avec les autres et dont ils ont été avec lui qui, inévitablement, fait que l’enfant vous prend aussi pour quelqu'un d'autre. Il va nous faire incarner justement différents personnages. C'est en parlant à nous-mêmes, autre que la personne qu'il nous fait incarner, en mettant ce décalage, (il nous parle comme à sa mère mais ce n'est pas sa mère) que quelque chose d'autre : du tiers, va advenir et que, peut-être, il pourra en retour parler à sa mère autrement.

Ainsi non seulement mon corps est en partie identifié au corps de l'autre, mais il a aussi plusieurs vécus. Je peux également être différents corps moi-même, non seulement ces corps physiques mais également émotionnels, psychologiques, spirituels : ces différents corps, ces différentes qualités de corps dont on peut parler, qu'on peut sentir aussi à l'occasion.

Donc il y a ces différents corps vécus à différents moments de ma vie ou ces différents états dans lesquels j'ai vécu mon corps.

L'écoute de l'inconscient du corps va donc passer par toute une série de registres: le corps de l'autre, le corps de la personne, les différents corps de la personne, les différentes qualités de corps aussi.

Une série de registres

J'amène cela pour essayer de vous faire sentir combien ce travail va être complexe et combien il va être ancré dans l'histoire de la personne et dans l'histoire précoce. Il m'arrive que de plus en plus de patients viennent parler, revivre le vécu de leur vie fœtale et, combien suis-je frappé de ce que bon nombre de personnes dans leur façon de se comporter, de vivre leur corps viennent incarner cette période de leur vie sans s'en rendre compte le moins du monde si ce n'est lorsqu'ils se mettent à l'aborder.

LE SYMBOLIQUE

Personne dans aucun cadre théorique qui soit n'a la vérité, mais c'est là où différentes théories se rejoignent que l'on peut sentir combien il y a des intuitions humaines qui sont là, dans les histoires bibliques, dans les histoires traditionnelles : l'homme a perçu à certains moments de son histoire certaines vérités que l'on peut retrouver à d'autres moments.

En ce même temps je ne suis pas de ceux qui croient que le symbolique est quelque chose de tout fait.

J'entends trop souvent les thérapeutes dire : 'oh ! oui, s'il y a un eczéma, c'est qu'il y a un problème avec la mère', 'C'est qu'il y a un problème de peau donc c'est un problème du poumon, un problème de tristesse', si l'on suit soit l'embryologie, soit la médecine chinoise. Et tout ça est vrai, mais là où je rejoins tout à fait la phase de LACAN : « à mettre trop de sens, on ne fait qu'entretenir le symptôme », c'est qu'il ne sert à rien de dire à l’autre : 'si vous avez un eczéma c'est que vous avez un problème de peau, de tristesse et de poumon ' et ainsi de suite.

Là où cela devient intéressant, c'est de voir ce que ça veut dire pour l’autre lui-même et ce que lui va pouvoir créer comme sens, mais sens qui va pouvoir amener à drainer, dirait-on en homéopathie, avant de faire disparaître ou de vouloir faire disparaître le symptôme.

Si vous donnez le médicament 'juste' pour un eczéma, vous risquez d'avoir une flambée, en effet au niveau pulmonaire si vous n'avez pas drainé auparavant. Ici aussi si on travaille rien qu'avec le toucher ou les mots, et également avec des doses homéopathiques mais avec le mot juste ou avec le toucher juste, il y a lieu de prendre son temps pour que les mots puissent se drainer avant d'avoir l'effet fulgurant.

Texte mis en ligne le 31-10-2010 - Mise à jour le 30-08-2017

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