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Prendre soin de son parent vieillissant… Pas si évident que ça…

Auteure: Cindy Goldoni


Résumé: Lorsque des enfants s’occupent de leur parent âgé, le terme d’aidant naturel est souvent utilisé. Mais s'agit-il bien d'une situation aussi naturelle qu'il y paraît ?


Aidant "naturel"?

Lorsque des enfants s’occupent de leur parent âgé, le terme d’aidant naturel est souvent utilisé pour les définir (surtout dans les cas de démence d’Alzheimer).

Ce terme peut donner l’impression qu’il va de soi de prendre soin de son parent. Dès lors, la culpabilité des enfants est régulièrement exprimée surtout s’ils n’ont pas la possibilité et/ou même l’envie de « veiller » sur leur parent vieillissant. Car, en effet, au-delà du « devoir à accomplir » et du respect de la personne âgée (surtout si elle est diminuée), s’occuper de son parent devrait pouvoir rester source de plaisir et de gratification pour les enfants.

Néanmoins, cette idée est parfois difficile à entendre pour les familles qui estiment qu’elles « doivent bien cela à leur maman », qu’elles « tiendront le coup », qu’il n’y a « pas d’autres choix », qu’elles ont « promis de ne jamais placer leur parent en maison de repos »,… Les enfants oublient alors de se respecter dans leurs propres limites.

Une inversion des rôles

Il faut bien se rendre compte que cette situation d’aidant naturel, n’est justement pas tout à fait naturelle. Depuis la naissance des enfants, ce sont les parents qui en prennent soin et à cause de l’âge, de la démence, de la perte d’autonomie, la situation est inversée. Ces enfants se retrouvent donc dans une situation où ils assurent le rôle qui est le leur et doivent, en plus, assumer un rôle de soignant. Les enfants se retrouvent pris dans une relation à la fois affective et soignante.

Et puis, il faut bien reconnaitre que nous nous trouvons parfois face à des « jeux relationnels ». En effet, il peut arriver que la maladie, la perte d’autonomie,… amène une telle inquiétude dans le chef des enfants qu’ils sont plus présents dans la vie quotidienne. Dès lors, nous pouvons nous poser la question de ce qu’il pourrait se passer si le parent allait mieux : Présence moins fréquente des enfants ? Impression de moins compté ? Il arrive que le symptôme, sans pour autant nier son existence et la souffrance qu’il engendre, permette de retrouver une unité familiale.

De manière paradoxale, cette unité familiale peut aussi amener une distance. En effet, lorsque l’enfant prend soin quotidiennement de son parent, que ce dernier décline petit à petit, alors, progressivement, la fatigue se fait sentir chez l’enfant. Cette fatigue est souvent accentuée si les enfants estiment n’avoir aucune reconnaissance de la part de leur parent (« c’est comme si tout ce que je faisais pour ma mère était normal, elle ne se rend pas compte que je n’ai plus de vie »). Il est possible que cette non-reconnaissance vienne du fait que, quotidiennement, c’est la présence des enfants qui rappellent aux parents leur vieillesse, leur dépendance,… Ils ressentent donc une colère face à cette situation et l’exprime à la personne qui, quelque part, le leur rappelle. D’ailleurs, il est bien connu que les enfants plus absents, qui n’ont pas à leur charge des soins quotidiens, sont souvent mieux accueillis…

Avec cette fatigue et cette lassitude se posent alors la question des aides professionnelles puis, parfois, d’un possible placement en maison de repos. Ce changement de vie est souvent vécu, de part et d’autre, comme un abandon, un échec… Et pourtant, pour bien prendre soin de son parent, il faut, parfois, accepter de ne plus autant en prendre soin, de passer la main et de reprendre, tout simplement sa place d’enfant…

Texte mis en ligne le 26-02-2012

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